lundi 19 août 2013

Dialogue oecuménique protestants-catholiques



A la demande de la revue Protestant de l'Ouest, Eric Boone a rédigé ce très bref texte à propos du dialogue entre protestants et catholiques. Un exercice très difficile et même un peu impossible en si peu de mots ! La réalité des Églises en cause est aujourd'hui si mouvante qu'il est difficile de trop généraliser. Entre les lignes, j'essaie de faire comprendre que les tensions internes à chacune des Églises sont autant de freins à l'unité entre les Églises.

Présentation plus détaillée de ce numéro Hors-série sur le site de l’Église protestante unie de France.
On peut le trouver en librairie ou le commander ici.


Où en sont les relations œcuméniques entre
protestants et catholiques ?
© Éric Boone

Né dans les milieux protestants, l'effort de rapprochement entre les Églises chrétiennes en vue de leur unité visible, l’œcuménisme, n'a gagné l'Église catholique romaine qu'à partir des années 50. Il a d'abord porté sur une meilleure connaissance mutuelle : après des siècles de séparation, l'enjeu était grand de se rencontrer et de découvrir l'autre dans son authentique fidélité à l'Évangile.

 Cette phase importante et enthousiasmante du dialogue est aujourd'hui terminée. Les relations devenues peu à peu fraternelles ont produit de beaux fruits et permis des avancées rapides. Pour autant, force est de constater que cet œcuménisme a surtout été le fait de militants convaincus sans toujours parvenir à entraîner l'ensemble des communautés. Parfois même, les franges les plus conservatrices de chacune des confessions chrétiennes se sont opposées au dialogue. Du côté du catholicisme, ceux qu'on appelle les traditionalistes et, plus encore, les intégristes, ne cessent de dénoncer l’œcuménisme. Du côté du protestantisme, les Églises évangéliques ne s'y sont que récemment intéressées. Ainsi, les partenaires appelés à se réunir autour de la table du dialogue sont de plus en plus nombreux et de plus en plus différents. Cela rend le dialogue plus complexe, plus lent aussi, au risque de donner à certains l'impression que l’œcuménisme stagne ou régresse. Cette impression doit pourtant être nuancée : aujourd'hui, de nombreuses réalisations communes voient le jour (études bibliques, actions concrètes, prières et célébrations...). Catholiques et protestants ont pris l'habitude de prier, de réfléchir ou d'agir ensemble. Au niveau théologique, là où, au cours de l'histoire, des divisions ont eu lieu, de réelles avancées ont été possibles : par exemple, la déclaration conjointe sur la doctrine de la justification, signée par l'Église catholique et la Fédération luthérienne mondiale, en 1999, a permis de dépasser un contentieux historique décisif. Sur bien des poins, les dossiers théologiques ont été instruits. On sait très précisément ce qui nous sépare (notamment la question de l'Église et de son rôle dans le salut). L’œcuménisme doit donc aujourd'hui se préoccuper des conversions institutionnelles concrètes qui découlent de ce travail théologique. C'est évidemment le plus délicat et le plus coûteux.

Paru dans :
Protestant de l'Ouest, Hors-série, "95 questions sur le protestantisme !", mai 2013

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